L’art du silence dans le pitch

Un orateur brillant n’est pas seulement maître dans l’art d’utiliser des mots, mais il est également et surtout expert des silences. Et oui, pitcher c’est aussi savoir quand se taire.

Contre l'idée reçue : le silence n’est pas un vide

Le silence est la peur publique numéro 1. Le blanc, la gêne, le moment de solitude, sont autant de situations auxquelles un adulte a du mal à faire face. Cette peur vient principalement de l’idée que le silence est un vide. 

Or, quand la voix se tait, le corps, lui, continue à parler. Force de conviction, joie, enthousiasme, nombreuses sont les émotions qui continuent à être transmises. D’où l’importance de travailler sa présence physique. Le silence est un temps que vous vous offrez pour vous ancrer, respirer et ainsi gagner en sérénité lorsque vous reprendrez la parole. C’est aussi un moment privilégié pour lier un lien avec son auditoire. Cette pause essentielle à un bon discours stimule l'intellect de votre audience en les intriguant, les obligeant à se concentrer sur vous et votre discours. 

Une vérité : la logorrhée est épuisante pour vous et votre auditoire

Constat: quand on se retrouve face à quelqu’un qui ne s’arrête pas de parler, il y a un moment où l’on se déconnecte. Et c’est justement à cela que sert le silence : à rendre le discours intelligible. Un public qui reçoit un message, a toujours besoin de temps, pour l’entendre, pour l’absorber, pour le comprendre, pour le digérer et pour le mémoriser. 

N’oubliez jamais que si vous connaissez votre pitch par cœur, votre public, lui, l’entend pour la première fois : tâchez donc de vous mettre à sa place et de lui laisser, par votre silence, un temps pendant lequel il va ranger votre message dans une petite boîte bien étiquetée de son cerveau. 

En parlant sans silences, vous ne laissez pas d’empreintes, juste une impression fugace qui se dissipera dès que vous cesserez de parler. 

Le silence, c’est donc ce moment que vous laissez à votre auditoire pour qu’il se souvienne de vous.

Un silence qui en dit long

Le fait même que tout le monde fuit, le silence, rend celles et ceux qui l’assument et le maîtrisent particulièrement impressionnants. 

Celui qui prend le temps du silence semble dans une maîtrise du temps, à l’opposé de ceux chez qui l’on identifie, dans leur précipitation même, un manque de confiance en eux. 

Par ailleurs, en se taisant, on maîtrise davantage les réactions de son public. Dans le silence, vous pouvez écouter votre public, et dans l’écoute, vous avez plus de chances de vous adapter subtilement à lui. 

Comment vous entraîner au silence ?
Commencez par prendre un texte. Lisez-le, et à chaque fois que vous laissez un silence, comptez 3 secondes dans votre tête avant de reprendre. 

Avant chaque pitch ou une présentation, alors que vous êtes déjà "en scène", prenez 5 à 10 secondes pour regarder votre auditoire en silence, en souriant et en respirant. 

La parole est intrinsèquement liée au silence : s’il peut y avoir silence sans parole, il ne peut y avoir parole sans silence. N’oubliez jamais que le silence vous permet de souligner la qualité de votre discours et de votre présence. 

Véritable trait d’union invisible, il fait résonner ce que vous venez de dire tout en lançant l’intérêt pour ce que vous vous apprêtez à dire. 

Gardez en tête que votre public est comme une éponge, il se gorge des émotions que vous ressentez. Si votre propre silence vous rend mal à l’aise, votre auditoire le sentira et sera mal à l’aise lui aussi. A vous de faire de vos moments de silence un moment de partage.